JO L’hiver en vert (SOCIÉTÉ)
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL
Il accueillera « chez lui »,le 12 février, les épreuves reines des prochains Jeux olympiques d’hiver, du ski alpin au combiné nordique,en passant par le sautà skis ou les sports de glisse.
Mais le maire de Whistler,Ken Melamed, 55 ans, a d’autres raisons de se frotter les mains. Sa municipalité de 10 000 habitants, située à 120 kilomètres de Vancouver,sera la vitrine de ces jeux annoncés comme les plus « verts » de l’Histoire. Ici, la foule ne s’agglutinera pas au bas des pistes : seuls 8 000 spectateurs seront admis dans le cirque d’arrivée des épreuves, un quota huit fois inférieur à celui adopté lors des précédents JO, en Norvège. Ken Melamed a aussi limité les constructions du village olympique à 220 logements. Les parkings du nouveau complexe seront interdits aux voitures particulières. C’est donc en bus qu’il faudra rejoindre la station durant la compétition.
« L’événement doit être le plus neutre possible en matière d’émissions de carbone, insiste l’édile écolo. »
Que le Canada, qui n’a pas la réputation d’être parmi les meilleurs élèves de la classe sur la question, se mette à son tour au vert pourrait passer pour du politiquement correct.
Mais l’urgence est là :la province de Colombie-Britannique, réchauffement climatique oblige, a du mal à combattre le dendrochtone,ce coléoptère qui a déjà décimé 13 millions d’hectares de forêts de pins ponderosa.
A Whistler, le rendez-vous olympique a engendré des innovations en cascade : recours aux eaux usées pour chauffer les douches des installations sportives, équipement des lieux d’hébergement des athlètes en matériaux verts – sols en bambou et façades en placage de cèdre ; mise en place sur la piste de luge, peinte en blanc pour réduire l’absorption de la chaleur, d’un système de réfrigération à l’ammoniac « écoénergétique ».
«Chacun doit faire selon son contexte, le tout est de mettre le pied à l’étrier », répète
Ken Melamed.
Préserver la beauté de l’endroit La conversion écologique décisive de la ville date d’une douzaine d’années, lorsque la communauté a décrété un moratoire sur ses marais afin de mettre ces zones à l’abri de toute spéculation foncière. Préserver la beauté de l’endroit fut aussi l’un des soucis des organisateurs. «Pas question qu’un événement, même planétaire, vienne bouleverser notre mode de vie», clame Ken Melamed, en jetant un regard sur les uperbes massifs alentour, territoires sacrés des peuples autochto - nes Squamish et Lil’wat. Ces communautés,longtemps marginalisées, ont aidé les autorités à aménager le centre de glisse de Blackcomb Mountain. Et grâce à leurs conseils, la municipalité n’a déboisé que le strict nécessaire pour construire les futurs équipements sportifs.
C’est une fondation scandinave, The Natural Step, qui a convaincu Ken Melamed du bien-fondé de la « smart growth » – la « croissance futée » – au début des années 2000. «Découvrir qu’on pouvait concilier environnement, cohésion sociale et développement économique fut une révélation», confesse cet ancien activiste « antibusiness », skieur de haut niveau,passé par les Arcs, en France. L’élu entend limiterla population de sa ville à 14 000 habitants en 2020. Il ne rate pas une occasion de prêcher la bonne parole, comme l’an dernier à Pelvoux, dans les Hautes- Alpes, lorsque la station française postulait aux JO de 2018. Il y croit. Quand pleuvront les récompenses, la médaille écolo sera pour Whistler.
●RICHARD DE VENDEUIL
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